Bah tout pareil. Sans Barry White. Mais bien avec le filet de bave.
Elle était magnifique.
Alors oui, je vous vois venir. Rageux et rageuses que vous êtes. C'est totalement con de ne juger une personne que sur son physique. Certes.
Mais croyez-moi quand je vous dis qu'il fallait bien ça pour que le looser trouve assez de motivation pour lever son cul du parapet sur lequel il était assis en attendant ses potes.
Quelle idée de ma part que d'arriver à l'heure aussi ? Le quart d'heure lyonnais. Tu parles. La demi-heure de la feignasse. Je devrais être habitué.
Bref. Tout ça pour dire que je me suis levé et que je me suis avancé vers elles. Je dis elles parce qu'elle était avec sa bande de copines. Qui étaient sûrement arrivées à l'heure, elles.
Et une fois que je fus à leur hauteur, mon cerveau décida de paniquer :
"Attends attends. On est en train de faire quoi la ? Tu vas vraiment aborder une femme dans la rue comme un gros relou ? Et puis tu vas bafouiller ducon. T'as préparé une phrase d'accroche au moins ? J'espère pour toi que oui parce que j'en ai aucune à te proposer là".
Il est pas si stupide que ça mon cerveau pour le coup. Mais il aurait pas pu me prévenir avant que je faisais probablement une connerie ?
Et merde. Elles ont vu que je venais vers elles. Plus le temps de faire demi-tour sans passer pour un psychopathe.
" Bonjour.
- Bonjour...
Waouh. Toutes en chœur. Toutes avec cette même intonation suspicieuse dans la voix. Et tout ça sans se concerter. C'était impressionnant, je dois bien l'avouer. Qui plus est, la seule à ne pas avoir desserré la mâchoire, c'était La Fille. Après, son regard en disait tout aussi long.
Je me raclais la gorge et me lançais. De toute façon... Foutu pour foutu.
- Alors euh... Enfin. Voilà. Je suis désolé de vous importuner de la sorte mais...
C'est tout moi ça. Je m'excuse alors que j'ai rien fait. Ça partait bien.
... Mais je vous trouve magnifique. Et, hum, euh. Enfin. Je voulais savoir si vous étiez d'accord pour qu'on échange nos numéros de téléphone. Histoire que je puisse vous inviter à prendre un verre un de ces quatre. Qu'est-ce que vous en dites ?
J'avais dit ma tirade d'un bloc en regardant La Fille. Qui laissa s'installer un immense blanc. Putain. Je veux bien que c'était pas du Verlaine dans le texte mais bon, ça se fait pas de laisser les gens en plan comme ça.
Une de ses copines, sûrement la plus sympa du lot, eut pitié de moi.
- Ah ! Tu parlais à Elisa ?
Bien évidemment que je parlais à ta pote, connasse. Tu penses sincèrement que j'aurais eu la témérité de bouger mon cul pour une autre qu'elle ?
- Hum. Oui.
La pote en question se retourna vers la fameuse Elisa et commença à lui parler en langue des signes. Ah. Une malentendante. Je ne m'y attendais pas. Mais clairement, c'est pas ce détail qui va m'arrêter.
Et franchement, si elle acceptait de prendre un verre avec moi, je me serais démerdé pour être bilingue en langue des signes le lendemain 18h.
Une fois que sa pote eut fini de signer, Elisa se retourna vers moi, et m'inspecta de haut en bas.
J'avais un pote bisexuel qui s'amusait à classer l'entièreté de la race humaine en différentes catégories, des plus moches aux plus beaux : Dégeu<Moche<Mêh<Ça va<Pas mal<Baisable<Beau<Divin.
Il m'avait classé dans la catégorie "Baisable" (avec force de clins d'œil, au cas où j'aurais pas compris où il voulait en venir). Il y avait donc une petite chance que je puisse passer le test visuel de la Belle.
Elle du me fixer du regard pendant 5 secondes, tout au plus. J'ai eu l'impression que ça avait duré une plombe.
Elle fit un signe négatif de la tête et entreprit de s'éloigner. Ses copines la suivirent. Sa pote sympa me lança un petit "Désolé" avec un petit haussement d'épaules et une moue ma foi fort mignonne.
J'aurais pu avoir un ticket avec elle je pense. Mais qu'est-ce que j'y aurais gagné ?
J'aurais pu avoir un ticket avec elle je pense. Mais qu'est-ce que j'y aurais gagné ?
Je regagnais mon parapet. Un peu dépité mais pas trop non plus. J'ai joué, j'ai perdu. C'est le jeu ma pauvre Lucette.
Je n’eus pas le loisir de ressasser ce qui venait de se passer. Un de mes potes venait d'arriver.
- Hééé ! Salut mon vieux ! Comment va ? Désolé pour le retard, j'ai croisé un 7/10 en venant ici, mais elle avait un piercing au nez. Du coup ça a boosté sa note, c'est devenu un 9/10, et j'étais obligé de lui demander son numéro.
Et vas-y qu'il me brandit son téléphone, l'écran allumé sur une conversation SMS avec comme nom de destinataire : "(7+2)/10 - Lioffa". Ah oui. En sus du pote bisexuel et ses catégories, j'avais oublié ce pote hétérosexuel qui donnait des notes basées sur leurs physiques à toutes les filles qu'il croisait dans la rue.
Bordel. Pourquoi j'ai l'impression d'être constamment entouré de gens qui ont autant de considérations pour l'objet de leur désir que pour leur table de nuit Ikea ?
On a les amis qu'on mérite j'imagine.
- Quoi ? C'est quoi ce soupir ? T'aimes pas les piercings ?
- Non... C'est que...
Allez, je vais le formuler avec des mots pour qu'il comprenne.
... J'ai croisé un 12/10 en t'attendant et je me suis pris un stop monumental.
Grand éclat de rire et tape dans le dos de sa part. Mais je sentais qu'il compatissait. J'aime bien mes potes en réalité.
- Allez, on se taille chez Polo ! On va te faire oublier tout ça, tu vas voir !
- On attendait pas Raffu aussi, avant de se barrer ?
- Elle est déjà chez Polo avec le me**** qu'elle a ramassé hier en soirée ! Ça t'arrives de lire tes messages ou bien ?
Il a dit "le mec". Je vais me persuader qu'il a dit "le mec". Parce que j'ai clairement entendu "le meuble". J'ai besoin de sommeil.
- OK. Alors cassons-nous.
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