J'ai lu Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley il y a certain temps maintenant. J'étais dans ma période dystopie. Ray Bradbury, Georges Orwell... Ils y étaient tous passés. Les plus connus du moins.
Et même si ma meilleure expérience de lecture en la matière restera indubitablement Fahrenheit 451, c'est bien Le meilleur des mondes qui m'a le plus marqué. Je n'ai lu ce roman qu'une unique fois et je ne ressens pas le besoin de m'y replonger. Et pourtant.
Dans ce meilleur des mondes, les "humains" sont tous des êtres bio-ingénérisés. Exit l'étape pourtant bien agréable du coït dans le processus de création de la vie. D'ailleurs, c'est interdit d'enfanter de la sorte. Tous les petits humains sont (doivent être) des bébés-éprouvettes. Déjà, niveau postulat de base, ça se pose là.
Là où l'histoire part en cacahouète, c'est que ces êtres humains ne sont pas conçus pour être égaux. C'est même plutôt l'inverse. Ils sont conçus inégaux. On distingue les "Alpha" qui sont des êtres aux capacités cognitives et physiques développées au maximum, les "Bêta" qui sont légèrement plus idiots que les "Alpha", les "Gamma"... etc. Jusqu'aux "Epsilon" qui ne sont que des ébauches mal finies d'êtres humains. Sans grande surprise, les "Alpha" dominent le meilleur des mondes et le reste des classes existent pour les servir.
Mais là où l'histoire tient du génie, c'est que chacune de ces classes est persuadée d'être la meilleure. Tout le monde se croit supérieur à son voisin. Adieu la lutte des classes. Pourquoi se battre alors que nous sommes déjà les meilleurs dans le meilleur des mondes ?
Je ne me souviens plus du reste de l'histoire. Qu'un seul passage me reste en tête.
A un moment donné, il est expliqué au lecteur que les "Epsilon" vivent dans des conditions relativement précaires et qu'ils travaillent sept heures par jour. Il est aussi expliqué qu'il serait tout à fait possible de les faire travailler moins de sept heures par jour sans que cela n'impacte réellement l'économie du meilleur des mondes. Néanmoins, il n'a jamais été décidé de diminuer leurs horaires. Pourquoi ? Parce que si cela devait arriver, les "Epsilon" auraient du temps pour s'ennuyer. Et on ne voudrait pas qu'ils s'ennuient. Ils pourraient se mettre à réfléchir.
Voilà donc près de dix ans que j'ai lu ce livre et voilà près de dix ans que ce passage tourne en boucle dans ma tête. Et je ne connaissais pas encore le monde de l'entreprise à l'époque !
Réaliser un parallèle direct entre le meilleur des mondes et notre monde serait beaucoup trop facile et surement réducteur. Mais il y a un avertissement à tirer de ce passage. J'en suis certain. Je suis juste incapable de le verbaliser. Depuis dix ans.
Et ça m'ennuie.
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